Collecte record et évolution des comportements d’épargne en 2025

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Une année historique pour la collecte en assurance vie

L’année 2025 marque un tournant pour l’assurance vie en France, avec une collecte nette qui atteint des sommets inédits depuis plus de quinze ans. Selon France Assureurs, la collecte nette s’élève à 26,6 milliards d’euros sur le premier semestre, soit une progression de 18 % sur douze mois. L’encours global dépasse désormais les 2 000 milliards d’euros, confirmant le statut de l’assurance vie comme placement préféré des Français. Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs : la hausse des rendements des fonds en euros (jusqu’à 3,75 % pour les contrats les plus attractifs), la baisse du Livret A à 1,7 %, et un contexte économique incertain qui pousse les ménages à privilégier la sécurité et la liquidité.

Les moteurs de la collecte exceptionnelle

Trois éléments structurants expliquent cette performance. D’abord, la baisse des taux directeurs de la Banque Centrale européenne a permis aux compagnies d’assurance d’offrir de meilleurs rendements, rendant l’assurance vie à nouveau compétitive face aux livrets réglementés. Ensuite, l’innovation dans les produits : les assureurs ont développé des contrats hybrides, combinant fonds en euros garantis et unités de compte dynamiques, répondant à la fois à la recherche de sécurité et de performance. Enfin, la fiscalité avantageuse de l’assurance vie continue de séduire : tant qu’aucun retrait n’est effectué, aucune imposition n’est due, et les rachats après huit ans bénéficient d’un abattement annuel conséquent.

Diversification et montée en puissance des unités de compte

La part des cotisations en unités de compte (UC) atteint 41 % sur le mois de juin et 38 % sur la première moitié de l’année, un niveau identique à celui de 2024 mais en forte progression sur dix ans. Cette diversification traduit une évolution des comportements : les épargnants acceptent davantage de risque pour aller chercher du rendement, tout en conservant une part significative de leur épargne sur des supports garantis. Les fonds en euros, qui avaient connu une désaffection, reviennent en grâce grâce à la revalorisation de leurs taux, autour de 2,5 % en 2024 et 2025.

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) : un succès croissant

Le PER, lancé en 2019, poursuit sa progression avec une hausse de la collecte de 13 % sur les six premiers mois de l’année. Plus de 11,6 millions de personnes détiennent désormais un PER, pour un encours de 125,7 milliards d’euros à fin 2024. Ce produit séduit par sa souplesse : gestion pilotée, possibilité de sortie en capital ou en rente, et cas de déblocage anticipé pour l’achat de la résidence principale. Les versements bénéficient d’un avantage fiscal à l’entrée, ce qui attire de nombreux actifs soucieux de préparer leur retraite dans un contexte de défiance croissante envers le système par répartition.

Des comportements d’épargne marqués par la prudence et la résilience

Malgré l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, les Français maintiennent un taux d’épargne élevé, autour de 18 % du revenu disponible, bien au-dessus des niveaux d’avant-Covid. Le livret A reste le placement le plus répandu (93 % des ménages), mais l’assurance vie occupe la seconde position, citée par 37 % des Français. Les ménages privilégient la sécurité, la disponibilité des fonds et la simplicité d’utilisation, mais la diversification progresse, notamment chez les jeunes et les CSP+ qui s’orientent vers des placements plus dynamiques et responsables.

L’automatisation et la digitalisation : nouveaux leviers de l’épargne

L’automatisation des versements mensuels s’impose comme une norme en 2025. Les applications bancaires et les outils digitaux facilitent la gestion de l’épargne, permettant de mettre de côté sans effort et d’optimiser la répartition entre différents supports. Cette tendance favorise la régularité des versements et la constitution d’un capital sur le long terme.

L’épargne responsable et l’investissement durable

L’investissement responsable (ISR, ESG) gagne du terrain, en particulier chez les jeunes générations. De plus en plus d’épargnants souhaitent donner du sens à leur argent, en privilégiant des fonds qui respectent des critères environnementaux et sociaux. Cette évolution oblige les assureurs à adapter leur offre et à renforcer la transparence sur la composition des portefeuilles.

Les disparités générationnelles et sociales

L’étude OpinionWay met en évidence des différences marquées selon l’âge et le statut social. Les jeunes actifs, bien que plus enclins à prendre des risques, épargnent moins que les seniors et les professions libérales. Les ménages aux revenus supérieurs à 2 500 € nets mensuels se démarquent avec une capacité d’épargne moyenne de 600 € par mois, contre 260 € pour la moyenne nationale. Les familles avec enfants et les cadres maintiennent un rythme d’épargne soutenu, tandis que la majorité des ménages met de côté des sommes plus modestes.

Le rôle clé du conseil et de l’accompagnement

Face à la complexification de l’offre et à la volatilité des marchés, l’accompagnement personnalisé devient un facteur clé de succès. Les conseillers en gestion de patrimoine doivent maîtriser les nouveaux produits, anticiper les évolutions réglementaires et proposer des solutions sur mesure, intégrant fiscalité, transmission et objectifs de vie. La pédagogie et la transparence sont essentielles pour instaurer la confiance et aider les épargnants à faire les bons choix.

Perspectives et enjeux pour les acteurs du secteur

L’assurance vie et l’épargne en général restent des piliers de la gestion patrimoniale en France. Le défi pour les assureurs et les banques sera de maintenir cet élan, d’innover dans les produits, de renforcer la pédagogie et d’accompagner la transition vers une épargne plus responsable et diversifiée. La collecte record de 2025 témoigne de la résilience et de la capacité d’adaptation des ménages français, mais aussi de la nécessité pour les professionnels de rester à l’écoute des évolutions sociétales et économiques.