Réassurance : Fin du hard market ?
Le cycle du hard market : une parenthèse qui se referme progressivement ?
Les données disponibles pour le premier trimestre 2025 révèlent une baisse moyenne de 3 % des tarifs en assurance commerciale, avec une diminution plus marquée de 6 % en assurance de biens aux États-Unis. Ce recul tarifaire semble marquer la fin d’un cycle haussier entamé il y a environ sept ans, caractérisé par une augmentation continue des primes et une réduction significative des capacités disponibles. Selon AXA XL, cette tendance s’explique notamment par une amélioration des résultats techniques, une meilleure modélisation des risques et une discipline accrue dans la souscription. Néanmoins, les réassureurs demeurent prudents, car les risques sous-jacents – tels que les catastrophes naturelles, l’instabilité politique ou encore l’inflation sociale – restent élevés et préoccupants. WTW souligne que les renouvellements de janvier ont été marqués par une plus grande flexibilité dans les négociations, mais aussi par des exigences renforcées en matière de transparence, de gouvernance et de reporting.
Des risques toujours omniprésents et difficiles à anticiper
Les pertes liées aux périls dits secondaires (inondations, tempêtes, feux de forêt, etc.) continuent de représenter une part importante des sinistres assurés. En 2023, les pertes assurées liées aux catastrophes naturelles ont dépassé les 120 milliards de dollars, selon Insurance Journal, ce qui illustre l’ampleur du phénomène. En France, la taxe CAT NAT a été relevée de 8 % à 20 %, illustrant la pression croissante sur les budgets de couverture et la nécessité d’adapter les modèles économiques. Les assureurs doivent désormais intégrer des données climatiques et géopolitiques plus fines et plus précises pour anticiper les sinistres et ajuster leurs modèles de tarification. Chubb indique que l’utilisation combinée de l’intelligence artificielle, des données satellitaires et des modèles prédictifs permet une meilleure anticipation des événements extrêmes, mais nécessite des investissements technologiques importants et une expertise accrue. En effet, malgré amelioration des outils, les risques importants sont encore difficile à prévoir et à évaluer.
Les captives : une réponse stratégique à l’incertitude croissante
Face à la volatilité persistante du marché, de nombreuses entreprises se tournent vers les captives, ces structures d’auto-assurance détenues et contrôlées par les assurés eux-mêmes. En 2024, 195 nouvelles captives ont été créées en Amérique du Nord, portant le total à 2 687, selon Nexgen Partners. Leur attrait repose sur la capacité à gérer des risques spécifiques, à optimiser les coûts de couverture et à renforcer la résilience financière des organisations. Les captives permettent également de mieux aligner les objectifs de gestion des risques avec la stratégie globale de l’entreprise. Captives.insure note que les secteurs les plus dynamiques sont l’énergie, la santé et les services financiers, avec une demande croissante pour les couvertures cyber, environnementales et réglementaires. Les captives peuvent donc être un début de réponse à cette problèmatique.
Une croissance soutenue et une diversification accrue
Les captives ne sont plus exclusivement réservées aux grands groupes internationaux. Grâce aux mécanismes des cellules protégées et aux structures en séries LLC, les PME peuvent désormais accéder plus facilement à ces outils de gestion des risques. Les juridictions spécialisées comme les Bermudes et les îles Caïmans continuent d’attirer de nouveaux acteurs, avec une hausse notable des licences délivrées en 2024 et au début de l’année 2025. Selon AXA XL, les captives offrent une plus grande agilité dans la gestion des sinistres, une meilleure maîtrise des coûts et une capacité d’adaptation renforcée. WTW observe également une diversification des risques couverts, avec une montée en puissance des captives dédiées aux risques ESG, à la conformité réglementaire et à la cybersécurité. Nous constatons donc une croissance importante accompagnée d’une diversification.
Des solutions alternatives en plein essor et en constante évolution
Outre les captives, les entreprises explorent de plus en plus les couvertures paramétriques, notamment pour les risques climatiques et environnementaux. Ces solutions innovantes offrent une capacité là où le marché traditionnel est absent, insuffisant ou trop coûteux. Elles permettent une indemnisation rapide, fondée sur des indices objectifs et transparents, et renforcent la prévisibilité financière des assurés. Insurance Journal rapporte que les couvertures paramétriques ont connu une croissance de 25 % en 2024, avec une forte adoption dans les secteurs agricoles, touristiques et industriels. Chubb souligne que ces solutions nécessitent une bonne compréhension des déclencheurs, des mécanismes de paiement et des conditions contractuelles, mais offrent une réelle valeur ajoutée en termes de rapidité, de transparence et de flexibilité. Il s’agit bien là de solutions en phase croissante répondant aux besoins et en constante évolution
Vers une réassurance plus technique, collaborative et résiliente
La fin du hard market ne signifie pas un retour à l’insouciance ou à la complaisance. Les réassureurs privilégient désormais une approche plus technique, fondée sur une compréhension fine des risques, une modélisation avancée et une collaboration étroite avec les assurés. Les captives jouent un rôle central dans cette dynamique, en favorisant la transparence, la gouvernance et l’alignement stratégique des intérêts. Selon Nexgen Partners, les partenariats entre assureurs, réassureurs et entreprises se multiplient, avec la mise en place de plateformes communes de gestion des risques, de tableaux de bord partagés et d’outils de reporting intégrés. AXA XL insiste sur l’importance de la formation continue et de l’accompagnement personnalisé des clients pour renforcer la maturité et la robustesse des programmes de réassurance. WTW conclut que la réassurance de demain sera plus personnalisée, plus digitale, plus collaborative et surtout plus résiliente face aux défis à venir. A suivre donc.




